
Aujourd’hui au menu, un petit comparo entre les deux chevaux à bascules sus-nommés… oui je sais on a déjà lu plein de trucs sur elles, oui on sait déjà tout, non ce comparo n’apporte rien de plus… qu’une vision encore plus étroite de ces modèles, testés dans le cadre de … l’Arsou-Rillette !
Petit rappel pour les incultes… l’arsou-rillette est l’arsouille des lopettes, dont le cadre est défini par la nomenclature du tome I de l’Encyclopédie de la Balade entre Gens de Bonne Compagnie.
Voici la recette d’une bonne Arsou-rillette à tartiner :
Etape 1
Théorie
Pratique
Laissez moi donc vous présenter l’affiche du jour :

A ma gauche…
L’américaine qui renie ses racines car elle n’est ni puritaine, ni obèse, ni antieuropéenne, ni taillée pour les lignes droites de 30 miles entrecoupées de mirages de courbes propres aux interstate US …
Minuscule, musculeuse, résolument anticonformiste par ses choix techniques et sa motorisation, merci d’accueillir :

La Buell XB12S, modèle 2004, donc phase 1, avant l’adoucissement du moteur/transmission de la gamme XB de 2006…
Une vingtaine de milliers de kms traversées sans trop d’encombres, une selle qui maintient le cul du pilote pour éviter de choir sur la roue arrière à l’accélération, une sortie Sebring homologuée chez Sourd&Cie qui imite le bruit de la foudre à merveille et 2 / 3 babioles de kéké Rizoma
En face d’elle… la star de ce forum... Mannequin chez Zavata … avec un look resté perché entre Hawaï Police d’Etat et les Shadocks… mais exhibant un cœur d’or et une polyvalence étonnante, veuillez réserver le meilleur accueil à :

La Kawa ZRX 1100 R, cru classé 1999… la même qu’au mois de mars dernier, mais avec 5000 bornes de plus, et 2/3 broutilles pour la rendre plus intéressante, dont dans le désordre un rigidificateur de fourche pour gagner en rigueur, des tubes remontés dans les tés pour plus de vivacité, un rotor avec + 4° d’avance à l’allumage et un PSB -1…
Passons rapidement sur les gentlemen riders de ces 2 mulets, à savoir bistouri et votre serviteur, pas de talent particulier au guidon, QI cumulés inférieurs à 100, points de permis cumulés inférieurs à… euh… et de la mauvaise foi. :gné:
De mon côté, des semaines de tâtonnements et une bonne prépa fourche m’ont permis de trouver un équilibre acceptable dans le réglage des suspates… je demande à bistouri comment il a réglé la Buell… lui pas savoir.. lui croire qu’il y a 2 réglages possibles sur sa meule… la contente et la dépression… oui je sais, on est pas aidé…

Etape 2
Théorie : Définir un terrain de jeu pourri.
Nan mais franchement, c’est vrai quoi… y en a marre des routes superbes, pleines de virages parfaitement revêtus et sans piège, des tronçons sans traversée de tracteurs ni longtarins jumellés… çà devient ennuyeux à force…
Alors, vogue la galère et laissons l’instinct (é)rodé de nos retriever choisir leur route.
Pratique :
Voici le roadbook, au cœur du Vexin (depts 95-60-78 ):
Brueil en vexin - Avernes - Moussy - Marines - Monneville - Lavilletertre - Nucourt - Serans - Montagny en vexin - Chaussy - La roche guyon - Cherence - Brueil en vexin, 110 bornes en tout

RB préparé par ma pomme exprès pour mettre la Buell mal à l’aise, avec au menu du moyennement viroleux, des virages qui se referment et une qualité de revêtement variable… bref, sur le papier, avec son bout de bois hyper réactif qui empêche de prendre les freins sur l’angle, il est clair qu’il va pas voir le jour

Etape 3
Théorie :
Préparer les pilotes pour les mettre dans les moins bonnes conditions possibles.
Favoriser le mélange : repas trop chargé, sommeil écourté, poumons noircis, maux de têtes et crampes du pouce liés à un usage abusif de console… ne vous privez de rien, et n’oubliez pas on est avant tout là pour passer un bon moment !
Pratique
Trop facile… le GO kilou est aux commandes la veille au soir de l’arsou-rillette, ressert du glouglou (« et ma noisette ? l’est pas bonne ma noisette ? et ma prune ? et mon ratafia ? »)… et abuse de son arme de pourrissage nocturne massif histoire de m’assurer que bistouri ne fermera pas l’œil de la nuit…
Confirmation le matin avant le départ… bistouri a le teint terne, l’œil hagard, la démarche peu assurée… bref, je suis content… je vais l’enfumer lui et son tracteur asthmatique…

Etape 4
Theorie
Suivre les préceptes célestes de Maître Dong :
« Prend la route et ne te retourne pas… ou l’ennemi va te déglinguer comme le ferait un légionnaire avec une chèvre dans le desert ! »
Pratique
Voilà une Arsou-Rillette dûment (désolé, pas pu m’empêcher de la faire celle là

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Vous l’avez compris… dans ce comparo, ne prime que la dose de plaisir apportée par un roulage « intensif mais propre » comme je l’ai lu ici, par conséquent on s’en tape des côtés pratiques.
Donc viendez pas me faire braire avec la capacité de chargement, l’absence de la jauge à essence, le confort du passager, la fréquence des entretiens ou la conso moyenne par pleine lune …
Ici, on commence par la kéké attitude et le plaisir de celui qui a la plus belle… bon, on va la faire courte, d’ailleurs, je vous laisse regarder vous-mêmes :

Edifiant hein ?
Mémé ZRX a pris un sacré coup de vieux … elle va même jusqu’à se cacher à l’ombre comme pour disparaître pudiquement de la photo devant sa rivale du jour… d’ailleurs, les badauds s’approcheront volontiers de la Buell tant elle incarne un charisme à part… petit cul, pneu énorme, matos top niveau, …
...quand la ZRX laisse froid même la plupart des motards… lignes carrées, gros cul, …
Pfff… m’en fous, de toute façon j’vais l’fumer … lui et sa brêle de terrasse de café.

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Allez démarrage…
La ZRX s’ébroue dans le chant gras du Yosh… celui qui me sort de ma torpeur le matin… qui renâcle sur le ralenti... et gronde par la suite… miam…
A côté, la Buell fait son bzzzzzzzziiiiiit de réinitilisation, tiraille sa batterie pour mettre en route ses grosses gamelles et… potato poTATO POTATO POTA PLAM PLAM PLAM PLAM PLAM
Ah oué… le Sebring, même chicané, est définitivement à ranger dans la catégorie marteau pilon…
Moi : « c’est bruyant »
Lui : « Hein ? »
Moi : « Nan, je disais, c’est BRUYANT ! »
Lui : « HEIN ? »
Moi (en montrant son pot du doigt) : « Gros lent !»
Lui : « AH OUAIS OK »



On décolle…
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Chapitre 1 : la surprise !
La ZRX est plus facile à prendre en main, plus accueillante pour mon gabarit moyen, et donne plus confiance aux premiers tours de roues dans la campagne du Vexin, surtout que les premiers tronçons jusqu’à Seraincourt sont imparfaitement revêtus et les tracteurs sont légions.
La souplesse du moulin et sa disponibilité font merveille, le fait de se louper sur le rapport choisi n’a assez peu d’importance, de toute façon l’équipage va être propulsé avec force…
Pour çà, merci la démultiplication plus courte et surtout le changement de rotor d’allumage, qui modifie la courbe de couple : là où la patate arrivait brutalement et d’un bloc à 6500 tr/m, on a aujourd’hui 2 paliers distincts (mais moins prononcés) à 4500 puis 7000 tr/m, soit respectivement 80 et 120 km/h en 3ème.
Du coup, le pilote n’a plus qu’a viser les sorties de courbe et tenir fermement la barre de fer…
Derrière, la Buell valorise et blesse… Elle valorise car son pilote a l’impression très nette d’être devenu Bruce tout Puissant et de provoquer le tonnerre à chaque essorage de poignée (comme en sortie de village, où à 50 le moteur tourne en 2nde à 2500 tr/m), de même elle se comporte comme un vélo que l’on guiderait avec les genoux…
Mais elle blesse aussi car c’est un vélo pour nain… vindiou qu’elle est petite … j’ai même parfois eu l’impression que mes genoux allaient taper dans le guidon…
En plus, y a pas intérêt à se louper dans le choix du rapport, plage d’utilisation restreinte oblige, et accentuée par le Sebring qui la rendrait presque pointue (en noir)
Disons qu’elle est inutilisable sous 2500 tr/m, et franchement marrante de 4500 à 6500 tr/m.
Félon, j’en profite pour coller du gaz partout où j’ai de la visibilité avec la ZRX, et si je reste sur mes gardes en entrée de courbe en freinant tôt... je soigne la sortie, et vvvvvvvvrrrrrraaaaaaaaaaAAAAAAAAAAMMMMMMMMMMM…
Un coup d’œil dans le rétro, je le tiens à distance l’animal…
On arrive sur la portion après Moussy, alléchante sur la carte… mais désastreuse une fois les roues dessus… route étroite, goudron moisi, des lapins écrasés partout, virages piégeux et des rivières de graviers pour couronner le tout…
Bon, on va la jouer coulée, de toute façon la Kawa est plus polyvalente, y a pas de raison qu’il me reprenne, la Buell est forcément un tape cul inconduisible là dessus …
On plonge en contrebas dans un bosquet aveugle juste avant Brignancourt… la température et la luminosité chutent brutalement … un virage à droite qui se referme et une mer de gravillons en vue… aaaaaaaaaaaahhhhhhhhhhhh

Arrivé à Marines, je m’attends à voir bistouri à la traîne et enragé de l’avoir emmené sur une portion aussi daubesque…
Moi : « Désolé, le tronçon était pourrave...»
Lui : « Ah ? Pas tant que çà… bien sympa moi j’dis »
Gné ?

On repart… D28 rapide et bien revêtue, je creuse l’écart, puis revêtement incertain à nouveau… je suis obligé de rendre la main et de bien tenir la Kawa pour ne pas la laisser élargir… Impossible d’exploiter sa puissance dans ces conditions… dès que j'ouvre la meule va où elle veut...
La XB me reprend inexorablement… elle paraît même facile et enroule sur le couple, en finesse, dans un style qui rappelle Feudj, pas d'esbrouffe, tout dans l’efficacité…
Dernier dépouillage, lacet en descente et on arrive au mignon plan d’eau de Lavilletertre pour faire un point…
Le sourire de bistouri parle pour lui…

Grosse surprise… une fois trouvée le bon rapport, la Buell est une arme sur revêtement inégal !

En face, la ZRX est à l’agonie


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Chapitre 2 : la leçon…
Me revoici au guidon de la Buell direction Magny en Vexin par le nord… j’m’en va lui montrer moi… toujours ce sentiment de commander le tonnerre… qui frise la gêne même pendant les traversées de village… au point que l’unique et minuscule rétroviseur font craindre de ne pas voir venir un local vous tirer un coup de 22 dans les miches pour avoir réveiller ses bêtes…
Des routes variées, et effectivement le panard au guidon de la Buell… si ce n’était cette boîte de vitesse looooooongue et revêche qui me laissera au point mort un nombre incalculable de fois entre la 1ère et la 2nde … chiotte… du coup la ZRX envoie la purée et disparaît de mon champ de vision dans un hurlement… et merde…
Mais il est où le mode d’emploi hein ? Il est où ?


A chaque entrée en virage, c’est pareil… on est persuadé d’une chose : j’aurais pu arriver plus vite…
Allez, j’vais me refaire… garde ta vitesse… touche pas les freins… rétrogradage... gros frein moteur (rien à voir avec les Buell > 2006) … on rentre dans le droit à la force des genoux contre le cadre… la brêle est vissée par terre… gniiiiii… tracteur en vue…. gniiiiii…. ne pas toucher les freins pour éviter de relever brutalement… ne pas toucher les freins… déporter le corps à l’intérieur…. et çà passe proprement…
Un scalpel cette brêle… et sans forcer, bistouri laisse exulter le gros twin et abandandonne le poursuivant dans le chaos sonore en sortie de virage… un truc de sûr… c’est qu’il use pas trop de plaquettes…
Je reprends la ZRX pour aller humilier le fourbe à Clachaloze… ligne droite avant la descente… j’en profite pour prendre de l’avance… vil que je suis … et hop me voilà projeter dans le tobogan…
‘Taing je la voyais plus large cette route dans mes souvenirs… oulah le gauche qui se feeeeeerme… allez je suis en place pour le droit, je déhanche…. gniiiiiiiiiiiiiii, chuis encore le cul à côté de la meule à droite que ma roue avant est déjà dans le gauche suivant…. Mais c’est quoi ce tourniquet ????

Pas le temps de déhancher de l’autre côté… je penche la meule et me concentre, dans cette position ridiculissime avec la moto d'un côté et moi de l'autre, pour pas lâcher la route des yeux dans la complainte métallique du repose pied… ssssscrrrrrrrrrrrrrrrrrr…… çà passe...

Freinage musclé à peine penché, merde, j’aurais pas du prendre le frein AR… le cul du Rex fait l’anguille sous exta… et derrière moi je perçois le halètement féroce de la Buell au retrogradage qui a repris toute mon avance de la ligne droite…
On arrive en bas… je suis en nage… j’en ai avalé mon slip… à côté de moi bistouri a la banane qui dépasse de son casque (nan, l’autre banane, tas de pervers

Décidé de ne pas me laisser berner par le scélérat, on engage la remontée… je m’applique à devancer la virole… çà secoue mais je ne lâche rien… gauche serré... j'arrive façon stop and go... je descends de 2 rapports... frein moteur en 1ère... en ligne pour la sortie et gaaaaaaaz la roue avant lèche à peine le sol... j’arrive au dernier virage comme jesaisplusquoikouroff à Albi… seul, dopé et triomphant…

Vite, poser la meule, retirer le casque et prendre la pose rêveuse du gars qui attend depuis 20 minutes…



Bistouri me rejoint… on prend un bol d’air devant le Vexin qui s’offre à nous…

La sublime Buell qui n’a jamais posé ses roues ici ne démérite pas, c’est clair… et d’ailleurs la ZRX en profite pour aller jouer dans les graviers… se disant que peut être… en tant que moto verte, elle aurait plus de chances ici…

Chapitre 3 : la vengeance !
On redescend vers la Roche Guyon, puis la route des crêtes et on retourne dans le bas Vexin.
La Buell s’amuse comme qui rigole… on dépasse Vetheuil… du billard… bistouri la joue discret " je-freine-pas-je-garde-les-gaz-de-toute-façon-j’atomise-à-la-sortie" ...

Gnarf !
Quelle erreur de sa part !
Je profite de ce moment d’égarement pour sortir la grosse artillerie…
BANZZZAAAAAAAAAAAAAIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII !!!!

Et pfiout… j’oublie la Buell sur place… sur ce terrain la Kawa fait parler la poudre....
Lui : « Nan mais t’as pas vu y avait des scarabées rhinocéros qui traversaient la route… »
Moi : « vi vi vi »
Lui : « Pis le soleil dans l’œil… »
Moi : « Tss tss »
Lui : « Pis j’étais en train de faire un SMS à ta mamie… »
Moi : « Bah voyons… j’t’ai pourri et pis c’est tout… »

Le temps de suivre la route et nous voici revenu à notre point de départ… bave aux lèvres… sueur au front… et plaisiromètre au maxi...
J’attendais la Buell sur le billard où je pensais qu’elle laisserait sur place la ZRX avec son couple omniprésent et sa geométrie hyper typée, et j’étais persuadé que la polyvalence de la Kawa lui permettrait de gagner à l’improvisation sur les routes défoncées…
…C’est tout le contraire qui est arrivé, le châssis de la Buell est simplement fantastique une fois qu’on a assimilé le mode d’emploi, et même son côté tape cul à faible allure disparaît quand on la brusque où elle devient même moins fatigante… et si le courage du pilote suit, c’est le couple moteur/boîte qui montrera ses limites en premier … devant la catapulte ZRX qui laisse son pilote épuisé … mais heureux…
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